Introduction du service du travail obligatoire en
Moselle.
Nouveau rapport des préfets sur la situation en zone occupée.
Situation alimentaire
- La situation alimentaire est
alarmante, surtout pour la viande
Si un concert unanime de plaintes s’est élevé pour stigmatiser les conditions extrêmement insuffisantes dans lesquelles a été assuré l’approvisionnement des villes, de toutes les villes et non
plus seulement des grandes villes qui, elles, souffraient déjà depuis des mois, c’est que la viande a brusquement disparu de la plupart des menus vers le 15 avril, tandis que les œufs restaient
introuvables, que les pommes de terre d’Allemagne promises n’arrivaient pas et que, d’une façon générale, pour tous les produits, la situation se tendait
Dans le Calvados, beaucoup de boucheries ne peuvent ouvrir qu’un ou deux jours par semaine et il en résulte un grave malaise dans la population. [...]Dans le Nord, le Comité interdépartemental de
répartition est parvenu difficilement à assurer une répartition hebdomadaire dans chaque boucherie. Le consommateur reçoit ainsi une quantité de viande qui ne dépasse pas actuellement 20 % de la
ration prévue. [...]En Seine-et-Oise, il n’a été distribué au cours du mois d’avril, dans beaucoup de communes, que 90 gr de viande par habitant et par semaine.
- Ce n'est cependant
pas le seul aliment touché par les pénuries
Le mécontentement de la population s’aggrave de jour en jour à Rennes, dans les autres villes du département et même dans les communes rurales, où la galette de blé noir, très consommée par les
classes pauvres du département ne va plus pouvoir être fabriquée par suite du manque de sarrasin.
[...]Le manque de pommes de terre se fait sentir d’une manière inquiétante dans certaines régions comme les Ardennes, le Nord, l’Allier et les Deux-Sèvres. La raréfaction du vin, de
l’huile, du lait, du poisson est signalée dans de multiples rapports. L’augmentation du cours du beurre provoque en général, parmi les consommateurs, non seulement le
mécontentement mais la surprise, étant donné qu’à la présente époque de l’année ce produit, devenu plus abondant, diminuait généralement de prix.
L’insuffisance de la ration de pain est péniblement ressentie, surtout par les travailleurs manuels, agricoles ou industriels. Le coût extrêmement élevé des légumes continue à faire
l’objet des récriminations générales.
- Les
prélèvements allemands sont toujours très importants
Dans le Calvados, un contingent mensuel de 100 000 œufs a été demandé par les autorités allemandes, qui, au cours du mois d’avril, ont prélevé 13 500 kg de beurre. Dans l’Indre-et-Loire, les
impositions allemandes, qui variaient jusqu’à présent entre 200 et 250 têtes de bovins par mois, viennent d’être portées à 700. Si l’on ajoute le contingent de 300 bovins fourni par ce
département à la région parisienne, on arrive à un total de 1 000 têtes, alors que la production mensuelle du département est évaluée à 5 ou 600 têtes de gros bétail. Les commissions de réception
vont se trouver dans l’obligation d’opérer des prélèvements sur le cheptel laitier, d’où de graves répercussions sur le ravitaillement de la population en corps gras. L’Indre-et-Loire doit
également fournir 1 000 porcs par mois aux troupes d’occupation. Le Préfet de l’Aisne proteste contre l’imposition de 700 porcins à livrer aux troupes allemandes pour la période du 28 avril au 25
mai, chiffre qu’il est impossible de réaliser dans son département.
- On espère que la nomination des préfets régionaux le 19 avril, aura un impact positif sur la gestion du ravitaillement.
- les
groupes d'achat et de répartition sont parfois détournés de leurs objectifs par des commerçant qui les utilisent pour écarter leurs concurrents. Des abus dans la distribution des
cartes de ravitaillement ont aussi lieux.
Situation agricole et industrielle
- La
question des salaires continue à faire l’objet de l’angoisse générale, et les services publics n'arrivent plus à recruter de façon satisfaisante, suite au salaires trop bas qui sont
proposés, ce qui provoque une pénurie de personnel dans divers services (polices à Saint-Nazaire, ...)
La hausse du prix de la vie permet de plus en plus difficilement aux ouvriers de faire face aux charges nouvelles qui leur incombent. Le danger est d’autant plus grand que les prix très élevés
payés par les autorités allemandes attirent dans leurs chantiers de nombreux ouvriers qui abandonnent de ce fait les entreprises françaises et même les travaux agricoles. Ces entreprises essaient
de lutter en employant toutes sortes de procédés, tels que paiement d’indemnités à des ouvriers n’habitant pas les localités où ils sont employés, casse-croûte, prise en charge par le patron de
la part ouvrière des Assurances sociales, primes, changement de classe, etc.. Mais ces procédés, outre qu’ils aboutissent à une augmentation contraire à la législation en vigueur, qui interdit la
surenchère, conduisent à une injustice sociale et à des profits exagérés pour tous les ouvriers non spécialisés alors que les ouvriers spécialisés restent aux mêmes salaires. Le déséquilibre est
en outre accentué du fait que, dans les chantiers allemands, les ouvriers travaillent 60 à 70 heures par semaine, alors que, pour les travaux français, la règle des 42 heures par semaine reste
appliquée.
- Les
transports routiers sont très affectés par une pénurie de carburant générale, et à certains endroits par une pénurie de goudron.
C’est ainsi que dans l’Aisne, le tonnage alloué par le Secrétariat d’État aux Communications est de 900 tonnes, alors qu’une campagne normale en exigerait 12 000 en l’état actuel du réseau.
De même les transports ferrés continuent d'être gênés par la pénurie de wagons suite aux réquisitions allemandes.
- L’
activité industrielle demeure toujours ralentie par le défaut de matières premières, de combustibles, de lubrifiants et par la difficulté des transports. En particulier les filatures et
les tissages de coton de la Seine Inférieure sont paralysés par la pénurie de charbon.
-
Dans l'agriculture, les prévisions sur la prochaine récolte varient selon les régions.
Il semble que la persistance de l’hiver ait eu dans certains départements des effets fâcheux. Par contre, un gros effort a été tenté, d’une manière générale, pour augmenter les emblavements. Cet
effort est d’autant plus méritoire que les difficultés éprouvées par les agriculteurs restent grandes. La pénurie de main-d'œuvre est particulièrement sensible. Dans un grand nombre de
départements, la main-d'œuvre agricole a tendance à se porter vers l’industrie et principalement vers les chantiers de l’armée d’occupation, où les salaires sont très élevés. Le défaut d’engrais
et de semences contribue également à augmenter les difficultés auxquelles les agriculteurs doivent faire face. Le prix des animaux s’est considérablement élevé. Ce n’est d’ailleurs pas seulement
le prix des animaux qui s’élève ainsi, mais celui de tout ce qui contribue à la production agricole
- De
nouvelles réquisitions de travailleurs ont été opérées pour le compte de l’organisation Todt, notamment dans la Manche (150) et dans le Calvados (200).
prospectus du ppf, le parti
fasciste français
Situation générale
- De nouvelles destructions continuent d’être causées dans les départements côtiers par les bombardements de la RAF.
Le recensement des immeubles détruits ou endommagés se poursuit. Dans le Nord, on compte 10 000 immeubles complètement détruits et 40 000 partiellement.
- Les
travaux de reconstruction sont entravés par le manque de matériaux et en particulier de ciment, qui se fait sentir d’une manière générale et critique.
On peut citer, à ce sujet, la Seine Inférieure, qui dispose seulement de 3 % de la quantité de ciment qui lui serait nécessaire. Seuls les déblaiements sont, en général, poursuivis d’une manière
assez active.
- Le recouvrement des impôts se poursuit, d’une manière générale, dans des conditions satisfaisantes.
- Les Préfets continuent à souligner la
diminution du chômage
- La situation sanitaire demeure en général satisfaisante. On signale toutefois quelques épidémies, notamment dans l’Aisne
- Le nombre des réfugiés augmente dans certaines régions des départements qui continuent à subir les bombardements anglais notamment dans le Calvados et le Morbihan. Par contre, il diminue dans les
Deux-Sèvres et la Vendée, d’où les réfugiés ardennais commencent à rentrer en nombre assez considérable dans leur pays. Dans la plupart des autres régions, la situation des réfugiés demeure
stationnaire.
- Il semble que la phase préparatoire approche maintenant de son terme et que,
en nombre d’endroits, le démarrage des œuvres de jeunesse a commencé. Certains Préfets se plaignent, toutefois,
du manque de liaison entre leurs services et ceux de la Jeunesse
- Le
Rassemblement national populaire et les mouvements similaires tels que le Feu
ne semblent pas, malgré leurs efforts,
faire de grands progrès en province. Quant aux anciens
partis, leur activité, au moins apparente, est peu sensible.
Relations avec les troupes occupantes
- Les
rapports avec les autorités d'occupation demeurent en général empreints de correction, surtout en ce qui concerne les autorités d’un rang assez élevé, et on peut enregistrer quelques
nouvelles favorables.
C’est ainsi que, le 2 mars dernier, le général Von Faber du Faur, chef de l’administration militaire régionale de Bordeaux, a ordonné le remboursement à cette ville d’une amende de garantie de 4
millions, en raison de l’attitude correcte de la population. A Champagnole (Jura), à la suite d’une soi-disant tentative de coup de main contre la poudrière, 10 otages avaient été arrêtés et le
couvre-feu rétabli de 19 heures à 7 heures. La responsabilité des populations n’ayant pu être établie, le Feldkommandant a rapporté les sanctions et fait relâcher les otages. Au Valdahon, les
habitants ayant été frappés d’amendes pour défaut de camouflage de lumières, une somme de 1 000 F, prélevée sur ces amendes, a été remise au Conseil municipal, en spécifiant que cette somme
serait donnée aux pauvres de la commune.
Toutefois,
un certain nombre d’incidents, parfois graves,
ont eu lieu dernierement.
Une condamnation à mort a été prononcée par la Cour martiale de l’Air de Flers, siégeant à Caen, contre un habitant du Calvados qui a été exécuté. Dans la Haute-Saône, trois habitants arrêtés à
la suite du meurtre par noyade d’une sentinelle allemande à Vesaignes-sur-Marne, et qui ont avoué, ont été traduits devant un Conseil de guerre à Chaumont. Les débats ont abouti à une
condamnation à mort.
- Des
gardes de terrains d’aviation sont de plus en plus souvent imposées aux communes, surtout dans les régions côtières telles que le Calvados et la Manche.
Le Préfet du Calvados en particulier fait remarquer que ces gardes doivent parfois être prises sur des terrains inoccupés, sur lesquels sont ostensiblement rangés de faux avions de bois. Ainsi,
des civils français sont tenus, au péril de leur vie, de surveiller ces terrains exposés aux bombardements anglais. Le Préfet de la Manche a dû, pour le même motif, recruter près de 440 gardiens,
dont le traitement quotidien est de 14 000 francs
-
Dans les départements côtiers, et en particulier dans la Manche, la situation est très tendue entre la population et les troupes allemandes.
Malgré des démarches répétées, la cavalerie est mise en pacage sans souci de l’habitant et de ses besoins. Des terres à blé fraîchement ensemencées sont empierrées pour faciliter le passage des
camions. Les communications téléphoniques sont interdites, de telle sorte que gens et bêtes risquent de mourir sans le moindre secours. Le ravitaillement devient de plus en plus malaisé. Par des
mesures récentes, les passages d’autobus ont été supprimés pour des raisons militaires. Les consignes imposées à la population civile sont des plus strictes, au point que le fils d’un maire,
rentrant des champs 10 minutes après l’heure de police, a été abattu à coups de mitrailleuse. Des vols quotidiens de bétail se produisent au préjudice des habitants et toute enquête est vaine.
- La
propagande communiste semble de plus en plus active, quoique toujours prudente.
L’action communiste tire ses arguments des difficultés actuelles, du coût de la vie, de l’insuffisance des salaires, du rationnement et des restrictions de toutes sortes. Elle trouve un terrain
particulièrement favorable dans les localités industrielles, où la population souffre et ne mange pas tous les jours à sa faim. Déjà, dans certaines régions, notamment dans le Nord, dans le
Pas-de-Calais, dans la Saône-et-Loire, des grèves, de courte durée d’ailleurs, ont éclaté, motivées en grande partie par la sous-alimentation.
- La
propagande anglaise et gaulliste pâtit des échecs récemment subis par l’armée britannique dans les Balkans, sauf dans les régions qui sont soumises à des conditions d’occupation
particulièrement dures, comme le Nord ou la Manche.
source : Histoire de notre temps
(CNRS), guerre-mondiale.org, mémorial de caen (photo)
Front de Grèce
L'île de
Limnos est capturée par les troupes allemandes.
Quelques
combats d'arrière-garde ont lieu contre les éléments avancés des troupes allemandes et les troupes britanniques en retraite.
5900 soldats britanniques sont évacués dans la nuit du 25 au 26.
source : onwar.com, guerre-mondiale.org, Wikipedia
Atlantique nord
Le U103 coule le cargo norvégien
Polyana, issue du convoi dispersé OG-58, au sud ouest des îles du cap vert.
Océan Indien
Le corsaire allemand
Pinguin coule le cargo britannique
Empire Light
source : UBoat.net, scharnhorst-class.dk
Caricature de David Low paru dans le Evening Standard le 25 avril 1941 : "Et comment ce passent les attractions en méditerranée?"
sur le tube: Ligne d'approvisionnement américano-britannique
sur le journal : nouvelles de guerre
source : CartoonHub