La description au jour le jour des événements de la seconde guerre mondiale avec 67 ans de décalage
Quand cette guerre a commencée, beaucoup d'hommes dans le monde ont cru qu'elle n'était qu'un conflit d'ambitions politiques et qu'elle se réglerait comme jadis par des déplacements de frontières et des indemnités. Aujourd'hui, le monde entier voit qu'elle oppose des idéals et qu'il s'agit d'une crise profonde de l'humanité. C'est pourquoi, si les démocraties entendent écraser à tout prix ceux qui ont déchaîné ces malheurs, elles veulent aussi que l'énorme dépense de sang, de larmes et d'efforts ait finalement sa récompense et son utilité. Elles veulent gagner la guerre et la paix.
Pour gagner la guerre, il ne suffit pas d'avoir des soldats et des armes. Mais il faut que ces effectifs et ce matériel soient engagés vers un objectif bien choisi et qu'une habile direction sache inspirer à tous la confiance et l'ardeur nécessaires. Ce sont l'esprit et le cœur qui remportent les victoires.
Pour gagner la paix, il ne suffirait pas de disposer de ressources gigantesques. Il ne suffirait pas d'imposer aux peuples de proie des conditions rigoureuses pour la sécurité de tous. Il ne suffirait pas de conclure des traités et des alliances. Mais il faut que toutes ces richesses, toutes ces garanties, tous ces pactes, soient appliqués à un but général, choisi de telle façon que tous les efforts y convergent et que tous les rêves, tous les désirs, tous les dévouements s'enflamment et se prodiguent pour le réaliser. Car, aujourd'hui comme toujours, ce sont les idées qui mènent le monde. Et puisque cette guerre n'est plus une guerre des États, non plus même une guerre des peuples, mais bien une guerre des hommes, les idées qui inspireront la paix doivent être à l'échelle de l'humanité.
La France semble partiellement écartée de l'effort commun des démocraties. C'est là, d'ailleurs, un des résultats les plus dangereux de la diabolique stratégie d'Hitler. Car une noble cause a-t-elle jamais été défendue, une haute inspiration humaine s'est-elle jamais exprimée sans que la France élevât sa voix? Mais, en cela comme en tout, le succès de l'ennemi n'est que partiel et provisoire.
Je dis que ce succès est partiel. Car, de même que sur les champs de bataille et aux poteaux d'exécution meurent toujours des combattants français, de même la pensée et l'âme de la France sont toujours représentées dans le camp de la liberté. Vous en fournissez une preuve, puisque "France For Ever", 1'"École des Hautes Études Libres", le "French American Club", le "Free French Relief Committee", sont aujourd'hui présents à la magnifique réunion organisée par "Freedom House", pour ouvrir la " Semaine de la France Libre ".
Je dis aussi qu'en abattant la France l'ennemi n'a remporté qu'un succès provisoire. Car, c'est un fait qu'au plus profond de la nation française se rallume la flamme guerrière et que les mensonges de l'ordre nouveau y ont perdu la partie. Nous sommes sûrs, aujourd'hui, que si la guerre et la paix doivent être gagnées, elles le seront avec la France.
Oui, la France, qui fut d'abord écrasée à l'avant-garde, sera un élément capital des chocs qui décideront de tout. Oui, la France apportera le concours de son génie à l'édifice que le monde reconstruira sur les ruines.
Oui, l'espérance de la France est celle-là même que M. Wendell Wilkie a définie par ces mots admirables : "Nous pouvons, si nous le voulons, faire que ce qui nous paraît le cri d'agonie de notre époque devienne les douleurs d'enfantement d'un ordre nouveau et meilleur."